Notre Type ne nous définit pas

<Si le MBTI vous est totalement inconnu ou bien que vous avez besoin de quelques rappels, voilà un article pour vous aider. Bonne lecture!>

 

La classification MBTI doit une partie de son succès à un des aspects qu’elle présente et qui séduit fréquemment le grand public : le fait de proposer un ensemble de 16 descriptions qui permettent de schématiser la personnalité de chaque personne. Chacune de ces descriptions correspond à ce que Carl Jung appelait des archétypes. Les archétypes sont des modèles généraux, idéaux, censés représenter quelque chose. On le comprend aisément lorsque l’on se rappelle de certains noms associés aux groupes MBTI : le Commandant (ENTJ), le Défenseur (ISFJ), le virtuose (ISTP) ou encore le Mentor (ENFJ). Néanmoins, il faut se rappeler de ce que sont ces appellations et le descriptif derrière celle-ci : des modèles! Et comme tous modèles, ils ont leurs limites.

 

MBTI, le danger d’un guide vie

On trouve de nombreux exemples de réaction devant des théories telles que le MBTI :

  • Le sceptique : pfff c’est de sconneries
  • Le poli : hummmm c’est intéressant, y a quelques trucs vrais
  • L’enthousiaste : c’est totalement vrai, c’est TOUT MOI!!!!!!!
  • Le fidèle addicte à la nouvelle religion : BONJOUR TOUT LE MONDE!!! Je viens de voir que je suis INFJ/ESTP/INTJ, quel groupe prend un parapluie lorsqu’il pleut tout en écoutant du rock sur son portable et avec des chaussures mi sport mi ville??????????  (J’ai l’air de plaisanter en évoquant ce dernier cas, malheureusement, j’ai déjà vu des gens poser des questions qui ne sont pas loin de ça :/ )

A tous ceux pour lesquels le MBTI ne sera qu’un vague et ennuyeux test qu’ils ont passé (et qui ne liront probablement jamais cet article), je pense qu’ils sauront se prémunir des excès. En revanche, si vous êtes en questionnement sur le type d’amis, d’amour, de métiers, de passe-temps que vous devriez avoir par rapport à votre type MBTI, cet article est pour vous.

 

Prédispositions vs Compétences :

Un fait peu connu mais intéressant présenté dans « Type Talk » d’Otto Kroeger est la statistique de l’échelon professionnel selon le type d’une personne. De manière générale, si on observe le schéma professionnel, on a dans un autre croissant (de salaire, responsabilités, niveau d’études etc) ouvrier, technicien, ingénieur/commerciaux, chercheurs, directeurs/PDG. Plus on part de « bas » (pas de jugement de valeurs hein ^^), plus le poste nécessite d’être à l’heure et de suivre des procédures existantes et normées. A l’inverse, plus on monte, plus les personnes doivent-être capables de sortir des sentiers battus et de voir les grandes idées qui ne sont justement pas académiquement normées. De manière générale, plus on est bas, plus un caractère « SJ » sera naturellement dans son élément, plus on est haut, plus un caractère NP sera cette fois dans son élément. Or, ce même tempérament naturel est un atout pour les SJ pour grimper dans cette hiérarchie et une enclume pour les NP. Malheureusement, plus un SJ grimpe, moins ses prédispositions sont adaptées aux postes qu’il rencontre.
Néanmoins, gardons à l’esprit qu’il s’agit de prédispositions et de comportements statistiquement plus présents chez les SJ ou NP (selon le comportement considéré), mais cela ne veut pas dire que l’autre catégorie ne peut pas manifester ce comportement. Heureusement que les NP peuvent arriver à l’heure et que les SJ sont capables de penser « out of the box ». Seulement, ce cas de figure met en évidence le phénomène de répartitions statistiques du monde professionnel. Prenons les ESTJ par exemple : ayant les bonnes prédispositions pour gravir les échelons de la hiérarchie et un rapport humain facilité par leur extraversion, ils se retrouveront donc souvent en position de « responsables ».
C’est pourquoi on pourra voir une répartition « préférentielle » des professions en fonction du type de chaque individu, certains, plus enclins à l’introversion, étant dirigés vers des professions littéraires, tandis que d’autres, cultivant un goût pour le risque, seront dirigés vers des professions à caractère dangereux (l’ESTP qui tourne des clips de ski extrême).

 

L’action est la conséquence d’un mécanisme cognitif, non une fatalité :

Si les ENTJ et ESTJ sont souvent à des postes de responsables, c’est parce que leur fonctionnement cognitif les pousse à vouloir que « les choses soient faites » et non pas parce qu’ils veulent à tout prix être les chefs. Le fait qu’ils le deviennent est une conséquence de leur objectif, mais n’est pas l’objectif (enfin du moins, pas pour beaucoup d’entre eux). Il est très important de saisir cela. Par exemple, un ENFJ, avec un sentiment extraverti Fe dominant, cherchera l’harmonie entre les gens et l’expression de leur potentiel. Mais cela ne veut pas dire qu’il deviendra forcément instituteur ou coach de vie. Il peut aussi chercher à remplir cet objectif par l’écriture, par la politique, par l’action sociale (Cf. Martin Luther King) etc.

 

Le mode par défaut du cerveau :

Dario Nardi, un chercheur étudiant le lien entre la théorie MBTI et le fonctionnement neurologique, a avancé l’hypothèse que les comportements liés au 8 fonctions jungiennes sont un mode « par défaut » de notre cerveau. Chaque groupe a une aire ou des aires cérébrales sur le qui-vive naturellement, certains groupes ayant les aires du langage, d’autres ayant celles de la représentation visuelles ou encore de la compréhension sociale (bon je schématise pour que vous compreniez l’idée).
La conséquence de cela est simple : c’est comme si naturellement, vous étiez plus d’humeur à réfléchir et aborder un problème qui touche à tel ou tel sujet. Et cela fait une grande différence : indépendamment des capacités naturelles d’une personne dans un domaine ou un autre, le  fait d’être dans les bonnes dispositions pour l’aborder change déjà la donne : il permet à la personne d’y mettre « de la bonne volonté ».

 

Pratique délibérée :

Bien que ce terme soit très à la mode en ce moment, je vais le clarifier. La pratique délibérée est le fait de s’adonner à une activité (mathématiques, piano, échecs, corde à sauter, jonglage, tricot, poker etc) avec la volonté de toujours « faire mieux ». La petite subtilité est que lorsque l’on parle de cette pratique délibérée, il est tacitement entendu que la personne qui s’y adonne cherche l’éternelle progression, mais sans autre objectif que l’activité elle-même. En d’autres termes, cette personne ne recherche ni l’argent, ni la notoriété, ni le respect de ses pairs ni autre chose. Une personne représentant bien cela est Grigori Perelman, un mathématicien russe qui démontra en 2002 la conjecture de Poincaré, l’un des sept problèmes mathématiques dits « du millénaire ». Perelman refusa la médaille Fields (équivalent du prix Nobel de mathématiques) ainsi que le million de dollars promis pour cette démonstration. La « beauté » de la chose lui suffisait.
Bon il s’agit d’un exemple extrême : je ne suis pas en train de dire que si un INTJ ou un INTP trouve une théorie d’unification de la physique grâce à son Ni/Ti il refusera les honneurs. Cependant, cet état de prédisposition neurologique qu’avance Nardi dans ses travaux nous laisse entrevoir une réalité simple : cet état nous pousse à accorder plus d’importance à certaines choses. Les ESTJ privilégieront le pragmatisme et l’organisation, les INFP leurs valeurs personnelles et états intérieurs, les ESFP la découverte sensorielle etc. Aussi, ce qu’il faut retenir du raisonnement que je fais ici, c’est que la « performance » qu’un groupe peut manifester dans un travail ou une activité ne découle pas à proprement parlé d’un talent naturel pour cette activité. Mais elle découle davantage d’une prédisposition à accorder du temps et de l’espace mental à cette activité, ce qui fait une grande différence.
Prenons deux personnes A et B qui ont 25 ans chacune. Toutes deux ont débuté le violon à 8 ans. La personne A a une prédisposition à l’amour du violon et prend 1 h de cours par semaine tout en répétant 16 h par semaine, va à des concert, écoute de grande œuvres, et essaie de comprendre les bases de la composition afin de créer ses propres morceaux. La personne B quant à elle n’a pas de prédisposition pour l’amour du violon, mais davantage pour faire plaisir à ses proches. Elle prend donc 1 h de cours par semaine et répète 4-5 h par semaine, continuant jusqu’à ses 25 ans le violon pour satisfaire ses parents. Si nous demandons à ces deux personnes de jouer à 25 ans, à votre avis quelle personne sera la plus performante? Sans doute la A. Mais pourrions-nous en déduire que cette personne A est un génie du violon comparée à la B?
Je vous l’accorde, j’ai caricaturé pour l’exemple. Cependant, gardez cela à l’esprit cela : une personne qui naturellement est intuitive sera peut-être attirée par le symbolisme des romans et films qu’elle consultera, elle s’intéressera à des jeux de société et des jeux vidéo pour en comprendre les mécanismes et la logique, et donc elle « entraînera » cette partie d’elle-même, tout en se construisant une culture sur le sujet. Si une autre personne est davantage portée sur le sensoriel, elle voyagera, fera de la danse, s’intéressera peut-être plus à la gastronomie et donc deviendra performante dans ces activités en s’y construisant également une culture. Dans ces conditions, le fait passer un test MBTI à 25 ans, voir que l’un d’eux est ENFP et l’autre est ESTP (et les questionner sur leurs passe-temps) nous conduira à en déduire que l’un est naturellement doué pour la compréhension des mécanismes abstraits, des idées et que l’autre est doué pour l’organisation de voyages et la découverte d’activité liées au corps ou aux 5 sens. Néanmoins, il s’agira sans doute plus d’une influence de leur mode de vie que de leurs capacités « innées ».

 

Petite synthèse :

Je ne vous encourage pas à fuir les répartitions statistiques de votre type : si beaucoup d’ESTJ sont chefs, c’est qu’il y a une raison. Cependant, ne vous enfermez pas dans l’archétype de votre groupe. Rappelez-vous que ce que l’on est ne se définit pas par notre naissance, mais par nos choix (moi, cité Dumbledore???? Jamais!!), et plus important encore : rappelez-vous que ce qui compte, c’est ce qui vous plaît. Ne partez pas défaitiste en vous disant « je suis un S donc un N fera mieux » ou l’inverse. Nous avons tous toutes les fonctions en nous, plus ou moins accessibles, mais à nous de les développer. Et pour ce faire, rien de mieux que d’essayer ce que l’on ne connaît pas et tenter de comprendre ce qui nous échappe.
Sur ces paroles bienveillantes, je vous dis à bientôt,

L

 

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