Doit-on développer ses fonctions d’ombre?

A l’issue de la lecture d’un article rédigé par un « confrère » anglophone, j’ai voulu réagir à ce qu’il y disait. Cet article traite, comme vous vous en doutez, du développement de nos fonctions d’ombre. Vous ne vous souvenez pas de ce que sont les fonctions d’ombre? Et bien par exemple, un ISFJ a pour fonctions Si-Fe-Ti-Ne : ce sont ses quatre fonctions dont il fait un usage intentionnel et conscient. Ses quatre fonctions d’ombre sont quant à elles Se-Fi-Te-Ni (les fonctions de l’ESFP). Ce sont les fonctions auxquelles l’ISFJ fait appel de manière souvent inconsciente, lorsqu’il traverse des situations de crises et que son ego est menacé. Maintenant que nous avons replacé les idées, laissons-nous aller aux choses plus sérieuses.

 

Petite critique pour rire :

L’auteur de l’article susnommé se présente comme un INTJ, il est donc amusant que je fasse une « critique » d’un de ses articles sur les ombres sachant que je suis un ENTP et que nous sommes donc deux types ombres l’un de l’autre (je vous le jure, je ne l’ai pas fait exprès). Bien entendu, je vais essayer d’être constructif dans ma critique en m’attachant à parler des arguments que l’auteur met en avant.

  1. Les ombres sont « mauvaises » donc pourquoi les développer?
    Je vais citer directement notre ami INTJ : <<Shadow functions pop in on rare occasions to give you a moment of surprising, out of character insight, but typically, they pop in to make your life miserable.>> (Traduction google : Les fonctions d’ombre apparaissent en de rares occasions pour vous donner un moment surprenant, hors de la perspicacité de caractère, mais typiquement, ils entrent dedans pour rendre votre vie misérable.) Il est vrai que lorsqu’elles apparaissent, les ombres créent une surprise : celle de ne pas se reconnaître soi-même lorsque l’on pense/agit. Néanmoins, je trouve que c’est inverser les causes et les conséquences que de dire que nos fonctions d’ombre se manifestent pour nous rendre la vie misérable car c’est exactement l’inverse. Les ombres se manifestent lorsque notre cortège de fonctions habituelles n’a pas pu venir à bout d’un problème. Le premier but de cette manifestation des ombres, c’est venir en aide à notre ego qui doit-être préservé. En outre, un autre but important est d’essayer de résoudre la crise/le problème. Par conséquent, c’est quand votre vie est misérable que les ombres viennent à votre rescousse. L’ennui, c’est que nous ne sommes pas habitué à en faire usage, donc elles sont « mal-opérantes » par rapport à leur définition initiale, de plus, leur objectif est de régler le problème, qu’importe les moyens. Cela peut donc potentiellement conduire à une situation misérable, mais par manque d’expérience, et non pas parce que ça doit forcément mal finir. Les ombres, se sont un peu ces types auxquels on fait appel pour ne pas se salir les mains soi-même 😉
  2. Développer ses ombres ne rend pas polymathe :
    <<If you deliberately try to use your shadow functions, you’re not going to end up superhuman or good at everything. In fact, it’s going to take you in the opposite direction. You’re going to end up doing a lot of things but not being good at any of them.>> (Si vous essayez délibérément d’utiliser vos fonctions d’ombre, vous n’allez pas devenir surhumain ou bon à tout. En fait, ça va vous prendre dans la direction opposée. Vous allez finir par faire beaucoup de choses mais ne pas être bon dans aucun d’entre eux.)
    C’est bien connu : si vous apprenez à jouer du piano alors que vous faites du violon, vous allez  devenir moins bon en violon. Ou bien encore, lire de la poésie fera baisser votre niveau en mathématiques. Et lorsque l’on se met à tenir un agenda et une planification de ses sorties, on perd ses capacités d’intuition. Ce que je viens de vous dire vous semble un tantinet « super con »? Et bien c’est ce que notre ami INTJ affirme pourtant,  sans citer aucune étude, sans expliquer son raisonnement, sans aucune source d’aucune sorte. Moi je prétends le contraire sans source non plus, mais en essayant d’être logique au moins (sans doute une petite opposition Ni vs Ne, ou haineux dirait l’autre). Je veux bien concéder que si vous passez une heure de développement sur chaque fonction, vous ne serez excellent dans aucune. Par contre, dire que si on passe 8 heures sur la Fe et 1 une heure sur la Fi et qu’ensuite, on sera moins bon qu’en passant seulement 8 heures sur la Fe, j’ai de sérieux doute. Bref, je vous laisse y réfléchir.
  3. L’argument magique :
    <<Geniuses are not necessarily balanced in all areas. Albert Einstein was a genius academically, but he couldn’t tie his shoe laces.>> (Les génies ne sont pas nécessairement équilibrés dans tous les domaines. Albert Einstein était un génie académique, mais il ne pouvait pas attacher ses lacets de chaussures.)
    Premièrement, je pense que ça tient plus de la légende qu’autre chose cette histoire sur Einstein, et deuxièmement….QUOI??????!!!! C’est quoi cet argument sérieusement? « Bon alors Madame Monsieur, sachez que votre enfant se pisse dessus, mais surtout ne changez rien : 3 grands physiciens et 2 compositeurs de renom ont-été incontinents toute leur vie. Aussi, ne l’aider surtout pas à changer cela car vous risqueriez de nuire à son futur génie »….Bon cet argument, je l’ai mis plus pour la blague qu’autre chose, j’ose espérer que l’INTJ a dit ça sur le ton de la blague également (un INTJ qui blague, on aura tout vu).

 

Et ces fonctions d’ombre alors?

Plusieurs points ont-été abordés. Mais au final qu’en est-il? Les fonctions d’ombre portent ce nom en référence au travail de Carl. G. Jung sur ce qu’il nomme notre ombre : ce qui nous est caché mais que les autres voient. C’est dans cette ombre que nous refoulons ce que nous ne pouvons accepter (que ce soit parce que l’environnement éducatif ou autre chose nous l’impose).
Ainsi, ces fonctions sont souvent associées à une chose que nous refoulons/n’acceptons pas. Aussi, si une fonction d’ombre se manifeste, plutôt que de la récuser (la refouler en fait ^^) il est sage d’y prêter attention, de comprendre ce qu’elle nous dit et pourquoi elle se manifeste dans cette situation donnée. Cela peut-être une pensée, un souvenir refoulé ou bien cela peut-être une situation de notre vie qui nous pose un problème plus ou moins bien identifié mais qu’il faut régler.
De plus, essayer de faire usage de ces fonctions peut permettre de mieux les maîtriser. En effet, lorsque notre troisième fonction d’ombre apparaît (le « trickster » ou filou), elle se met grosso modo à négliger toute forme de morale au bénéfice de notre ego. Mais en l’identifiant et en comprenant ce qu’elle cherche à faire et comment il opère, cela devient plus facile d ‘être moins destructeur pour son environnement.

Enfin, je pense qu’il est bon de s’attarder sur nos fonctions d’ombre car comme je l’ai souvent répété, notre groupe et nos préférences ne doivent pas être une excuse pour notre attitude. Le MBTI nous permet de comprendre nos mécanismes cognitifs et leur incidence sur notre comportement, nos modes d’action et plus globalement notre vie. Cela doit servir de tremplin vers l’amélioration et non pas d’excuse à notre « médiocrité ». Si vous êtes très doué dans certains domaines grâce à une bonne utilisation de vos fonctions préférentielles, il est fort probable que laisser un peu de place aux quatre fonctions vous aidera à faire mieux encore.

 

Conclusion :

Nos fonctions d’ombre agissent sans que nous en ayons véritablement conscience : la principale conséquence de cela est que nous ne nous reconnaissons plus lorsque nous pensons et agissons ainsi. Généralement, nous sommes plus attirés par les taches et actions qui nous permettent d’employer nos fonctions de prédilection. Mais en ne négligeant pas les activités qui emploient les fonctions d’ombre, on se met alors dans une configuration plus favorable à garder le contrôle : plutôt que de subir l’éruption de ces ombres lorsque notre esprit ne peut plus utiliser la marche habituel, il est préférable d’être proactif et de travailler un peu sur cet aspect lorsque nous sommes hors d’une situation stressante susceptible de créer cette mauvaise apparition des ombres.

Je vous dis à bientôt,

 

L

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