Trois visions de la Vérité

Il me semble que de toutes les notions définissables en ce bas monde, la véracité d’une chose soit sans doute parmi les concepts les plus ardus à définir. En un sens, c’est étrange : le bon sens commun de chacun fait que toute personne comprend ce que signifie le fait qu’une chose soit « vraie ». Et pourtant, bien que l’on s’accorde tous sur le sens du mot, c’est la dissonance entre la valeur de « vrai » ou de « faux » d’une assertion qui est à la base des débats, des disputes, des remises en questions, des incompréhensions et d’une foule d’autres choses. Je vous propose ici de voir ensemble comment les différents groupes du MBTI abordent le questionnement de Vérité.

 

Petit cours de vérité :

La vérité et la logique sont deux concepts très proches, parfois confondus lorsqu’ils sont étudiés. Le domaine traitant de manière cartésienne de cette question est celui du petit mais vaste monde des mathématiques. Je ne vais pas partir dans un discours sans fin sur cette question, mais sachez qu’initialement, les mathématiques ne sont pas la science des nombres, mais la science de ce qui est vrai et faux (et ils se trouvent que les nombres se prêtent bien à cet exercice, entre autres car les nombres permettent de quantifier les choses, et la quantification est généralement une étape nécessaire pour trancher la valeur de vrai ou de faux de beaucoup de questions.) En soi, les mathématiques sont employées pour déterminer la véracité d’une chose lorsque cela touche un domaine quantifiable, et la philosophie, reposant elle aussi sur la logique, fait le même exercice, mais avec des notions généralement non quantifiables, auxquelles on a donné le joli nom de « métaphysique ». En soi, il est intéressant de voir qu’à présent, notre système scolaire en est arrivé à un stade où l’on a séparé l’aspect littéraire de l’aspect scientifique au sein de l’éducation à un tel point que l’on pourrait penser que philosophie (matière littéraire) et mathématiques (matière scientifique) sont deux disciplines antagonistes alors qu’elles sont en réalité très analogues et pratiquement jumelles dans leur fondement.

 

Le clan du Vrai ou Faux : les Rationalistes

Et oui, le tempérament rationaliste (ENTJ, INTJ, ENTP, INTP) n’a pas été nommé ainsi pour rien. Caractérisés par leur préférence NT, les rationalistes sont les quatre groupes MBTI manifestant la plus grande capacité à « prendre de la distance » par rapport à une situation. Formulé autrement : ils sont capables de s’extraire de l’aspect direct d’un questionnement pour le voir de manière plus globale afin de bien cerner les délimitations de celui-ci. Cela s’explique assez facilement :

  • La pensée logique T des Rationalistes les prédisposent à analyser une question en termes de « est-ce vrai ou est-ce faux? ». Il s’agit de la vision « objective » des choses.
  • L’intuition des Rationalistes les poussent à intellectualiser le questionnement, et donc à en perdre la vision « pratique » directe. En d’autres termes, l’objectivité de base qu’ils manifestent est naturellement renforcée car acculée au monde des idées et de la pensée théorique par cette intuition N qui, plus que la sensation S, entraîne son utilisateur dans l’abstraction.

Ainsi, les Rationalistes NT sont les individus qui seront le plus naturellement enclins à traiter une question sous son aspect purement logique. Il résultera de cela qu’ils auront fréquemment besoin de précision sur le cadre d’un questionnement, la formulation initiale étant trop vague et trop relative à un contexte ou une situation donnée.

 

Le clan du Bien et du Mal : les Idéalistes NF

Si les Rationalistes raisonnent en terme de vrai et de faux, les Idéalistes (ENFJ, INFJ, ENFP, INFP) eux se poseront davantage la question en terme de moralité, de bien ou de mal, et d’idéaux d’intérêt commun. Comme vous l’aurez compris, une grosse opposition entre les Rationalistes et les Idéalistes est bien entendu leur préférence respective pour le T (la pensée) et le F (le sentiment). Le corollaire de cela est que les Idéalistes se poseront instinctivement les questions à la loupe de « est-ce bien ou mal » : c’est la dimension morale qui sera analysée.

De la même manière que les NT, les NF sont plongés dans une réflexion très emprunte d’idées et d’abstraction (ce sont des intuitifs) lorsqu’ils font appel à leur préférence F. On comprend mieux pourquoi cette catégorie du MBTI est souvent le sanctuaire des utopistes de ce monde, le sentiment les amenant à s’interroger sur l’aspect moralement acceptable d’un choix ou d’une décision, et l’intuition les plongeant dans une tornade de possibilités, parfois rocambolesques, pour mettre en oeuvre ce choix.

 

Le clan du « A quoi ça sert? » : les Gardiens SJ et les Artisans SP

Si vous avez bien suivi, la pensée T amène un individu à considérer une question en terme de vrai/faux, le sentiment F en terme de bien/mal. Et c’est l’intuition qui le pousse à « s’enfermer » dans une vision abstraite de la question. Les SP (ESFP, ISFP, ESTP, ISTP) et les SJ (ESFJ, ISFJ, ESTJ, ISTJ) sont pour respectivement portés par la préférence T et d’autres la F. Or, ils ont tous en commun la préférence sensitive S par opposition à l’intuition N. Ce qui nous ouvre une troisième manière de voir la vérité : en terme de pragmatisme, de finalité.

Ainsi, une troisième voie se dégage : après le vrai/faux, bien/mal, apparaît le utile/inutile. Néanmoins, cette façon d’analyser les choses sera teintée des deux autres. Les ST, de préférence T, auront tendance à juger plus objectivement d’une question, privilégiant la finalité de la chose : est-il vrai que la décision/l’action prise va dans un sens utile, constructif dans la réalisation du but recherché? Par exemple, si un ST doit évaluer quelqu’un, il se fondera sur les compétences brutes de la personne : objectivement, cette personne sait-elle réaliser ce que l’on attend d’elle? Les SF quant à eux auront une approche plus emprunte de subjectivité, et parfois de conséquentialisme, de la même situation : la personne évaluée, indépendamment de ses compétences, a-t-elle sué sang et haut dans son travail? Que se passera-t-il si elle ne réussit pas cette évaluation?

Cette vision pragmatique et concrète des choses mènent parfois les SJ et SP à porter des jugements de valeur sur une personne compte tenu de ses accomplissements et réussites. Formulé autrement, ces deux groupes sont ceux qui représentent bien l’idée que « les actes parlent plus que les paroles ». Ainsi, ce troisième ensemble apporte une vision complémentaire à celles des Rationalistes et des Idéalistes, une vision emprunte de vrai/faux et de bien/mal, avec pour boussole la vision utilitaire et concrète d’un choix, d’une idée, d’une action.

 

Conclusion :

Cela ne sera jamais assez répété : ce qui a été développé dans cet article est une vision théorique des choses. Rationalistes, Idéalistes, Gardiens et Artisans sont bien entendu tous capables de nuancer leur jugement et d’analyser les questions en employant différents « modes de vérité ». Cependant, je vous conseille de garder à l’esprit que chaque groupe a sa manière privilégiée d’aborder une question. Cela pourrait vous aider la prochaine fois que vous trouver une personne trop « froide ou cartésienne » dans une approche, ou bien trop naïve/bienveillante ou encore, trop utilitariste. Rappelez-vous avant tout d’être équilibré dans votre cheminement de penser : adaptez le mode vrai/faux, bien/mal/ utile/inutile à la situation donnée. Mais vu que vous êtes des lectrices et lecteurs averti(e)s je me doute que vous le faisiez déjà 😉

 

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