Quelques mots sur mes descriptions de groupes

Ça faisait un moment que cela me pendait au nez, mais je n’ai d’autre choix que de m’y adonner : la création et l’écriture des 16 fiches de descriptions de chaque groupe MBTI. On eut pu croire que ce fusse la première pierre à poser pour un blog dédié à cette thématique, néanmoins je dois vous faire une confidence : s’il est bien une chose qui pullule sur le Net concernant la thématique du Myers-Briggs Type Indicator, ce sont les descriptions de groupes. Or, une des objectifs majeurs de ce blog est de partager un point de vue un peu plus inédit que ce que l’on a déjà vu maintes fois. Par conséquent, c’est une chose difficile pour moi que de me lancer dans cette tache 1.33333 fois herculéenne (oui, Hercules avec 12 taches, y a 16 groupes, 12 x 1.333 = 16 tout ça tout ça ^^ décidément, en plus de la psychologie cognitive, on fait de la mythologie et des maths. Ce blog est véritablement le sanctuaire de la connaissance). En outre, on ne se le cachera pas, faire des fiches pour chaque groupe revient tout de même à faire un sacré travail de perroquet.

Avant de me lancer dans ce travail, un questionnement m’a beaucoup occupé : quelle connotation donner à ces descriptifs pour justement ajouter un peu plus que la traditionnelle sauce que l’on trouve partout, tout en m’évitant les désagréments de la reformulation de perroquet et la création d’un ersatz supplémentaire en mode « olala les ESTJ, c’est vraiment les patrons, les INFP c’est vraiment des rêveurs, et les ISTP c’est vraiment trop des mécanos »? En effet, je vais vous l’avouer, deux choses ont sans doute grandement contribué à me séduire au départ en découvrant le MBTI il y a 3 ans de cela. Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé les petits personnages représentés sur le site que chacun connaît, le fameux « 16personnalities.com ». Ce concept, en plus d’être visuellement très parlant, a su séduire l’amateur d’heroic fantaisy, de jeux de rôles et de super-héros-lover qui sommeille en moi. Mais soyons honnêtes : je pense que ce qui retint véritablement mon attention fut l’élogieuse et positive description qui était faite de mon groupe (et de tous les autres ^^). Et c’est ce point que je veux aborder. S’il vous est déjà arrivé de lire quelques descriptions de groupes (non satyriques) vous aurez remarqué à quel point elles sont dithyrambiques. Bien que je comprenne l’intention louable derrière cela, un premier problème se pose : nous nous définissons par un ensemble de bons…mais aussi de mauvais côtés. Par conséquent, réduire un groupe à ses bons côtés nous fait manquer une partie essentielle de la réalité de ce groupe. Et voilà qu’apparaît le deuxième gros problème : la « réalité » de ce groupe. En effet, en décrivant un comportement qu’a chaque groupe, nous perdons de l’information sur ce que la théorie MBTI nous dit car nous n’avons alors que la conséquence comportementale, pas le processus qui est à l’oeuvre derrière. En outre, cette description comportementale est bien entendu potentiellement fausse! Je m’explique. (ce qui suit est une analyse relativement personnelle. Ne la prenez pas pour argent comptant mais retenez une chose de cela : à un comportement peut correspondre un millier de raisons qui lui ont donné naissance. Formulé dans l’autre sens : tous les groupes peuvent au final arriver au même comportement, sous couvert de processus cognitifs divers. Ainsi, caractériser un groupe par son comportement peut s’avérer dangereux).

Voilà, selon moi, les problèmes que l’on peut voir apparaître si on se fonde trop sur cette description :

  • L’effet Barnum :
    Il s’agit de ce que l’on observe à la lecture de l’horoscope : ce qui est décrit est suffisamment vague et évasif pour que chacun s’y reconnaisse. Au final, cet effet existe dans les descriptions MBTI et le problème, c’est que son occurrence est logique : les intuitifs présentent certains processus cognitifs communs, qu’ils soient ENFJ, ENTJ, INTJ etc, donc il n’est pas aberrant qu’un intuitif puisse se reconnaître dans la description d’un de ses cousins, de même que les sensitifs ESTJ, ESTP ou autre ESFJ entre eux. Néanmoins, cela induit un premier problème : le manque de discrimination de ce système reposant sur la description (qui s’avère très handicapant lorsqu’une personne désire vérifier si son groupe est bien celui qu’elle a obtenu au test).
  • Le côté trop général et fantasmé :
    Dans la droite ligne de l’argument précédent, cette description veut « ratisser » large. On se retrouve donc avec des comportements soit trop vagues, soient trop étendus. Cela donne par exemple des descriptions de l’ENTP qui serait un inventeur et un débatteur de premier choix, ou de l’ESFJ qui, en plus d’être la reine des pom-pom girls, vous offrirait le gîte et le couvert pendant un mois si vous sortiez d’une rupture. Oui, fondamentalement, les ENTP s’intéressent souvent à beaucoup de choses, découle de cela une culture relativement correcte leur permettant de discuter de beaucoup de sujets et peut-être, de temps en temps, leur donnant des idées un peu rigolotes à exploiter, mais les ENTP ne sont pas des Leonard de Vinci, loin s’en faut. De même, les ESFJ sont souvent portés à se faire les organisateurs des repas et apéritifs dînatoires de retrouvailles des vieux copains, comme les premiers à vous souhaiter un bon anniversaire ou à vous félicitez pour la naissance de votre enfant.
  • L’aspect « statistique » :
    Je ne cherche pas à dénigrer (complètement) ce système de description, car je reste convaincu que si vous prenez 10 000 personnes de chaque type, dans l’ensemble les descriptions qui leur sont associées ne seront pas trop déconnantes (statistiquement). Mais c’est là le problème : c’est statistique. Or, il serait plus intéressant que ce descriptif permette de comprendre pourquoi une majorité de membres de tel ou tel groupe en arrive à agir de la sorte.
  • Associer chaque groupe à son Archétype :
    Cela a déjà été dit sur ce blog, donc désolé pour ceux qui le savaient déjà, mais ces 16 groupes (et le nom de chacun nous le laisse fortement entendre) reposent sur l’idée d’archétype. Que sont les archétypes? Et bien il s’agit de rôles, de stéréotypes que les individus sont susceptibles de remplir. Déjà très présente dans l’oeuvre de Carl. G. Jung, cette idée a été fortement exploitée par Myers et Briggs qui avaient noté que dans l’organisation du travail apparaissaient systématiquement des chefs, des exécuteurs, des conseillers, des inventeurs etc. Or, la vie n’est pas faite ainsi : la nature ne s’est pas dite « oh tiens, je vais diviser les comportements en 16 archétypes, y aura quelques leaders, quelques victimes, quelques artistes ». Par conséquent, attribuer un nom à chaque groupe (le commandant, le directeur, l’inventeur, le conseiller) et orienter la description dans ce sens crée une association forcée entre une psyché et un comportement « normé » en plus d’occulter une partie essentielle de la théorie cognitive. Je ne sais pas si vous avez vu le film « Les poupées russes » (alias « L’auberge espagnoles 2« ). Dans ce film, le personnage principale, écrivain, nous explique que son voisin M. Boubaker est un « Monsieur tout le monde » et qu’il s’en inspire pour ses histoires, mais qu’en réalité, les Monsieur tout le monde sont très rares dans le monde réel. Et bien il en est de même pour les groupes MBTI. Les archétypes de chaque groupe sont relativement rares. En outre, ces archétypes dénotent souvent d’un manque d’équilibre dans leurs fonctions et leur développement.
  • Ne présenter que les bons côtés :
    Nous y voilà! J’évoquais ce point tout à l’heure qui pour moi est un gros gros problème. Jung fit usage de ses théories essentiellement dans un cadre véritablement thérapeutique (il est psychiatre, pas psychologue). Néanmoins, il a toujours postulé l’idée que l’esprit cherche son équilibre. Mais c’est là le problème : si on vous présente une description de vous juste « tout bien comme il faut », où allez-vous chercher vos points à équilibrer? Prenons l’exemple de l’ENTP : « c’est un inventeur excellent débatteur qui s’intéresse à tout et trouve toujours une manière astucieuse, surprenante et novatrice de résoudre les problèmes ». Avouez que c’est sexy, surtout si on vous dit que les personnages comme ça sont Jack Sparrow, Iron man et Barney Stinson, voire, le Dr. House. Mais bon….essayons de raccrocher avec la réalité. « L’ENTP est un individu qui a pour première fonction l’intuition extravertie Ne. De fait, il s’intéresse à de nombreuses choses et déteste être limité dans ses possibilités. Il ressort de cela qu’il ne veut rien faire comme tout le monde (d’où le « idée novatrice, surprenante » mais faut préciser que la plupart du temps, il fait de la merde). En outre, cet intérêt pour tout et rien et bien entendu le fait que cette fonction soit extravertie le pousse à vouloir parler de ses conneries euh…centres d’intérêt à tout le monde, que ce monde en est quelque chose à foutre ou pas. Et enfin, cette fonction Ne, de par sa tendance à toujours recherché le « nouveau » rend l’ENTP très enclin à ne jamais mener à terme ce qu’il entreprend. » Voilà. Là on commence déjà à voir quelque chose de plus « réel » se dessiner.
  • Le positif pousse à l’erreur :
    A mon sens, si les descriptions étaient moins élogieuses et insistaient davantage sur les mauvais côtés de chaque groupe, beaucoup de personnes seraient alors moins enclines à vouloir se reconnaître dans tel ou tel groupe. Reprenons notre ami ENTP. Si au lieu de vanter son côté hyper fun et inventif, vous dites que dans l’ensemble, c’est statistiquement une personnalité borderline, pas fiable pour un sous, l’avant-dernier salaire le plus bas de tout le MBTI, ayant une très forte tendance à la procrastination et avec de très sérieux troubles de l’attention, je pense que moins de personnes, au premier test qui les fait tomber sur ce groupe se diront « MAIS OUAIS, C’EST TROP MOI CA!!!!! ». Enfin bref, vous saisissez l’idée.

Le bilan de ce verbiage?

Bien que je pense ne pas couper au côté « descriptif » de chaque groupe, j’essaierai d’axer cette description sur les 4 fonctions jungiennes. Ainsi, nous pourrons mieux comprendre comment chaque groupe en vient à agir comme il le fait. Mon espoir est de parvenir à donner une vision plus juste, plus analytique, et surtout, de permettre à chaque personne de voir ses points aveugles et de corriger ce que ses préférences naturelles pourraient lui faire « manquer ». Souhaitez-moi bon courage pour les 16 compères. Bien à vous!

 

L

 

 

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